Le communiqué d'ATTAC au sujet des brevets logiciels
Si, pour paraphraser Marshall MacLuhan, on peut dire que "le média est
le message et celui qui contrôle le média contrôle le message", force
est de reconnaître que les grands monopoles informatiques et de loisirs
ne sont pas loin du contrôle total de tous nos moyens de communication,
c'est à dire du contrôle de tout notre système d'information. Seuls
quelques verrous subsistent, prêts à sauter. L'interdiction de breveter
les logiciels est l'un de ces verrous.
Comme les brevets sur le vivant, les brevets logiciels en Europe sont un
élément clé de la nouvelle féodalisation du monde. Ils représentent une
menace très grave pour le développement de la petite et moyenne
entreprise informatique sur notre continent. Ils sont l'arme la plus
redoutable dont disposent les grands monopoles pour procéder à cette
asphyxie, afin d'imposer leurs solutions liberticides et étouffer, de
surcroît, tout essor d'une informatique alternative et citoyenne basée
sur les logiciels libres.
A une époque où la "chaîne numérique" (culture, musique, photographie,
littérature, information) est convoitée aux fins de contrôle
monopolistique, la menace que fait peser le brevetage des logiciels
s'étendra à toute activité sociale, économique et citoyenne.
Septembre 2003. Après de nombreuses manoeuvres, une directive concernant
la brevetabilité des logiciels était proposée au Parlement européen. Ce
dernier amenda fortement ce texte, pour interdire notamment toute forme
de brevetabilité sur les logiciels. L'étape suivante devait être la
discussion et l'adoption de ce texte par le conseil des ministres. En
fait, le texte proposé au Conseil ne fut pas celui établi par le
Parlement, mais un texte modifié a posteriori par la Commission, sous la
pression de lobbies essentiellement extra-européens. C'est ce texte,
autorisant une brevetabilité sans limite des logiciels, qui fut adopté
par le conseil des ministres, faisant fi du travail du Parlement
européen. Ce véritable déni de démocratie révèle, une fois de plus, le
fonctionnement profondément anti-démocratique des institutions européennes.
C'est pourquoi ATTAC soutient l'initiative de la FFII(*) contre les
brevets logiciels en Europe et invite de manière tout à fait urgente ses
membres à signer et faire signer la pétition en ligne ici :
http://petition.eurolinux.org/index.html?LANG=fr
ainsi que l'appel urgent aux gouvernements et parlements nationaux ici :
http://swpat.ffii.org/letters/cons0406/index.fr.html
(*) http://www.ffii.fr : Fondation pour une infrastructure de
l'information libre (en anglais).
Le bureau d'Attac France,
Montreuil, le 16 février 2005